La route des rêves

INTRODUCTION

Chaque être ayant une capacité de réflexion, possède un pouvoir immense. Celui de vivre dans un monde influencé par ses désirs et par ses rêves. Pour certaines civilisations, cela était la magie. Pour d’autres, c’était de la science. Mais parmi toutes les sortes de société, ce sont celles qui ont comprit qu’il s’agissait de la force de leurs esprits combinés, qui amorçait toute chose. Ainsi, le Paradis, le Purgatoire et l’Enfer peuvent être vécu et créé, détruits et rebâtis. Telle était la clef de l’existence.

* * *

Il y a de cela donc, une éternité, quelques uns de ces êtres, des humanoïdes s’approprièrent la magie. Peu de temps après, ce sont les rêves qui furent influencés, puis manipulés, lorsque certains d’entre eux réalisèrent que tout pouvait changer à partir de leur rêves. Certain de ces mages oniriques finirent par franchir le mur invisible séparant leur monde de toutes les autres parcelles de vies et de territoires uniques pouvant exister. Il leur fallu bien des générations de connaissances avant d’en arriver à comprendre les ficelles infinies de l’univers.

Au grand daim de plusieurs populations primitives, la terre était loin d’être ronde et mathématique. Rapidement, au fil du temps et des infiltrations d’individus parcourant les mondes, la science fit place à la magie. C’en était de même pour la santé et la religion. Une phrase clef sur cette réalité : '’Tout ce à quoi tu penses, s’est mit à exister quelque part, greffé aux idées de tes semblables.’‘ Chaque être vivant doté du rêve et de l’esprit, pouvait faire surgir ses délires dans son monde ou dans un autre, dans tous les cas connecté avec un ou les rêveurs concernés.

De nombreux bouleversement surgirent dans la vie de tous. Des sciences seulement relatives auront étés établies, tout comme une nouvelle justice commune. Sous chaque ville structuré, gouvernait à l’interne qui le proclamait. D’intéressantes structures politiques se dressèrent dans cette multitude de villes, florissantes ou dévastées. La monnaie continue d’être utilisées, à de petites échelles. C’est le troc et le commerce nomade qui prime maintenant sur tous les univers.

Franchir ces voiles peut s’avérer simple pour certains, alors que d’autres sont confinés dans leur monde d’origine, à rêver et créer sans jamais voir de ses effets. Ainsi, des voyageurs Onirique des Route des Rêves commencèrent à se multiplier, voguant dans les univers des autres à la recherche de la connaissance pour les uns et de la puissance pour les autres. Le visage du monde changea, car des voyageurs aux allures anormales  affluèrent parmi le commun des mortels. Anges, dragons, cerbères, géants et plus encore s’établirent dans des endroits qui n’étaient pas issues de leurs mondes d’origine. À certains moments de cette époque-ci, personne ne sait plus vraiment de quel monde il est originaire. Dans le meilleur des cas, ils avaient apprit à reconnaître leur ville d’adoption.

CHAPITRE 1
La Corne des Rêves


Plusieurs temples sont consacrés aux rêves, sous de multiples décors enchanteurs. C’était de magnifiques endroits pour se parfaire les idées. Toute cette histoire débute dans un temples précis. Le temple Lethean. Sa particularité était ses scintillantes couleurs émeraudes. le Hall était remplit de bougies, certaines atteignant le plafond, alors que de simples lampions étaient disposées au sol par centaines. Les cierges étaient sans cesse rallumés par les Mages Oniriques. Au centre, il y avait quelques tissus de soie brodées, incitant les voyageurs à y prendre place pour se reposer.

Il était rare de voir les Mages, ceux-ci préférant méditer plutôt que de déranger les fidèles. Ainsi, seule, se trouvait une silhouette féminine, dont la cape cachait le visage. De longs cheveux dorés en ressortait.

Celli ouvre soudainement les yeux, puis regarde l’arche de la porte, perdue dans ses pensées. Elle venait de trouver une réponse à ses questions. Mystérieuse, elle sort du Temple Lethean d’un pas léger, le visage impassible.  

Devant elle s'étalle quelques bâtiments rudimentaires. Des brocante diverses... C'était achalandé, pour une fin de journée. Le ciel teinté de rouge se fendait de rayures dorées. Elle sort vers la droite et longe les petits commerces sans trop y faire attention. Celli note quelques marchands brandissant leurs fruits exotiques et d’autres vendent leurs armes et armures.

De son côté, elle devait rencontrer l'un de ses amis, qui parcourait les mondes oniriques tout comme elle. Dans sa vision, au temple, quelque chose de palpitant devait se produire devant une porte aux sigles des phases lunaires. Il y avait longtemps qu’ils ne s’étaient pas rencontrés... 

Tout au bout de l'allée principale se trouve l'une des prêtresses de la ville. Ici, les reines, rois, juges, exécuteurs, ce sont elles. C'est la ville fortement défendue de Dranor. Tous n’étaient pas la bienvenue, ses habitants étant constitués de Mages Oniriques et d’alchimistes conservateurs. 

La voyageuse lui fit un signe de respect et passa tout droit devant elle, en évitant bien son regard. Les yeux de ces dirigeants étaient capable de vous fendre l’âme et d’accéder à vos rêves d’un seul battement de cils. 

La prêtresse de Dranor brandit devant elle une lance dentelée. Celli arrêta sa marche et ferma les yeux. Ceci était un signe qu'elle donnait sa vie à la Prêtresse si elle exigeait son trépas. Par chance, la mystérieuse Celli était habituée à ces différentes coutumes. Du coup, elle ne parla pas. C’est après quelques lourdes secondes de silence que la haute dame daigna la questionner :  

'' Quand partez-vous, voyageuse des Rêves? ''
'' Dès que vous le désirez, grande dame de cette ville.''
'' Demain matin, au plus tard. ''

Celli approuve d’un mouvement vif de la tête, puis poursuit son chemin dès la permission de la prêtresse. Il était évident que sa présence troublait les dirigeantes d'ici.

Tandis qu’elle s’éloignait du centre de commerce, la ville fit rapidement place à une campagne qui s'endormissait. Les champs, au loin, étaient vides et les chaumières de briques respiraient la chaleur de leur feu de foyer. La voyageuse stoppa sa progression devant une porte marquée du signe des Lunes croissantes. Voilà qui correspondait à ses rêves. Quelques tocs plus tard, quelqu'un vint lui ouvrir. Celli s'autorisa son premier franc sourire depuis son arrivée à Dranor lorsqu’elle y reconnu quelqu’un qui lui était cher:

''Valoran Dresh, mon ami! ''
''Viens, entre. Vite. '' Répondit-il d’un ton sec.

Il empoigna sa cape de voyage et l'attira rapidement vers l'intérieur, refermant brusquement la lourde porte sous son passage. Sourcils froncés, Celli ne comprit pas cet empressement. La curiosité était à son comble, et elle adorait cela.

Dans la pièce principale, plusieurs manuscrits et herbes séchées étaient laissés dans un fouillis intéressant. Le Mage avait l’air en plein travail. Scrutant encore quelques instants le bazar, un corne ambrée, qui gisait au travers des ouvrages, vint attirer son attention. Celle-ci en oublia les salutations pressées de Valoran. Cet objet lui rappelait vaguement quelque chose... De perdu et de volé. Celli s'empresse de pointer du doigts la corne, sans quitter des yeux l’objet.

''Est-ce que c'est ce que je pense?''
''La corne des Ambres, oui. Tu as toujours ta vue fantastique, c’est très bien. Assied-toi, je t'expliquerai tout.''

Prenant place sur des coussins rembourrés autour d'un thé préparé à la va-vite, Valoran s'explique :

''Il s'avère qu'un prête des Ambres à été retrouvé assassiné, ici même, à Dranor, lors de la dernière cérémonie des Lunes. Il avait en sa possession cette corne, bien caché dans un sac à double fond. Pas plus fous qu'un autre, j'ai cru bon de la lui prendre, avant que les prêtresses ne s'en mêlent. J'ai eu peur d'une pluie de magie destructrice sur les continents.''

''Compréhensif. Tout ce que je sais à son propos, c'est que cette corne s'est vue voyager avec d'autres générations sur les Routes des Rêves, en empruntant des chemins tracés différents. C'en est devenu une légende, un mythe pour moi et les autres Voyageurs! Exécute-t-elle des miracles? A-t-elle une aura magique? ''

''Chut, tout doux ma grande amie. Je n'en sais rien. Je faisais mes recherches et je ne suis tombé, comme toi, que sur des légendes bafouées. Et je n'ai aucune idée de pourquoi ce Prêtre l'avait en sa possession. Je m’efforce de comprendre le fond de cette histoire. ''

''Je suis partie plus longtemps que prévu sur les Routes Tracées.... Qui est celui qui a trépassé? "

'' Le Mage Nasharagog de Vermac. ''

Soudain, quelqu'un frappa à la porte, faisant sursauter tout le monde. Celli, main sur le coeur et Valoran, blême, se regardèrent. Celli chuchota: 

''Attendais-tu quelqu'un d'autre? ''

Il lui fit signe que non. Intuitivement, Celli empoigna la corne, l'enroula dans des feuilles d'épices non loin d'elle, puis l'engouffra dans le fond de son sac de voyage, entre deux tissus d'ivoire.

Les coups redoublèrent en intensité. Son ami alla finalement répondre, imitant sa voix la plus ensommeillée possible. Sa technique de dissuasion ne fonctionna pas du tout, car dès qu'il eut entrouvert la porte, l'individu, immensément préparé au combat, bouscula Valoran et entra dans la demeure. Celli devint blanche à son tour, devant le regard haineux de Scar, un exécutif des lois des Mondes. 

''Vous êtes en état d’arrêt, Celliara Ionarov Malkares. '' Sa voix trahissait une froideur qui ne la laissa pas de marbre. Celli avait déjà eue affaire à ce dernier. Malheureusement, leur dernière rencontre s’était mal terminée, ce qui expliquait son ardeur envers elle, à cet instant
 
Alors que la détenue se relevait lentement, le garde brandit à sa gorge l'immense faux qui était son arme.
'' Je vous amène avec moi. Vous devez passer devant le tribunal d'Iona dans les plus brefs délais. ''

Scar dépassait la demoiselle d'au moins deux têtes, en plus de son armure gigantesque aux effigies d'Iona. Ses yeux, deux trous vides de noirceur, laissaient une lueur rougeoyant et dansante en sortir. Sa constitution semblait être celle d’un démon.
C'est Valoran qui désamorça la situation :

'' Messire d’Iona, laissez moi vous accompagner vers le tribunal, je saurai faire taire votre cible jusqu'à son jugement. '' 

'' L'empire de la Justice vous est reconnaissant de votre aide. Vous serez récompensé. '' Dit-il sans détourner son attention de Celli.

'' Laissez moi emporter un sac de vivres et nous partirons dans les plus brefs délais. ''
Un grognement sourd émanant de Scar vint lui confirmer qu'il le pouvait. 

De son côté, Celli ne bougea pas d’un pouce. Moins elle ferait d’histoire et moins elle parlerait, mieux se porterait son jugement et son voyage. Valoran serait là pour superviser sa conduite, mais surtout celle de Scar envers elle. Il n'était pas rare que les Exécutifs des Villes maltraitent leurs cibles. Et comme un ressentiment planait lourdement... Celliara devrait remercier son ami de sa rassurante présence.  

Puis, en moins de temps qu’il ne le faut pour faire une soupe, ils étaient sur le pas de la porte, prêts à partir.  Son ami et défenseur invoqua sa magie pour lier sa langue, tel qu'il l'avait promis.

Accroupit au sol, Valoran prit quelques branches d'herbes qu'il écrasa dans un petit bol à l'aide d'un pillon d'argent. Au travers du mélange, il intégra une sorte de poudre verte et y versa finalement le contenu liquide d'une fiole. S'en suivit quelques gestes abstraits.

Valoran, les traits tirés, conclue son rituel par une pincée étincelante de ce que Celli savait être de la poussière des routes des rêves. Il lui était arrivé plusieurs fois d’aller en mission pour rechercher cette substance difficile d’approche. La Poudre des Rêves était un moyen sûr, pour les mages, de sceller leurs rites de façon sécuritaire. Cela évitait les blessés et autres retombées secondaires inattendue.

 Dès qu’il jeta sa dernière touche au rituel, c’est un éclair qui vint frapper le bol, consumant tout son contenu à la fois, dans une fumée froide qui se répandit rapidement autour du petit groupe. Une pierre difforme avait remplacé la substance à l’intérieur du bol. Du bout des doigts, le mage vint saisir le fruit de son travail, puis incanta silencieusement. Sa silhouette au travers de la brume lui conférait un charisme puissant. Il était en train de lier l’objet à Celli. Un léger filament se créa entre la femme et la pierre de silence. 

Quelle était sa faute? Elle n'avait volé personne, ni compromis des lois instaurées. Qui plus est, elle devait se faire jugée par  les hauts dignitaires de sa ville natale. Celli n’y avait pas remit les pieds depuis plus de dix ans. Plusieurs scénarios lui passèrent par la tête; Fausses accusations, piège, vengeance, mission échouée du passée revenant à la surface...  Ses pensées restaient amères. Durant des semaines elle devrait voyager à pied, sa volonté fortement enchaînée, puis jugée par tous. Tout ceci pour une condamnation encore inconnue et brumeuse. Scar empoigna la nuque de sa prisonnière. C’est d’un pas rapide que Celli se mit à avancer, silencieuse. Son bourreau ne serait pas tendre durant le périple.

Comme cela était coutume et obligation juridique sur tout le continent, les Gardes des Villes rattachés  à la justice  avaient pour motion d'exhiber le coupable parmi le peuple. Précisément pour que tous soient au courant des affaires d'état des villes et que tous puissent apporter son soutient et son argumentaire lors du jugement final. C’est donc à de très rares exceptions qu’ils empruntaient les Routes des Rêves. La jeune femme n’en faisait assurément pas parti.

Connaissant très bien cet univers de par ses multiples voyages, Celli eu la chance de se rappeler ses destinations intermédiaires. La plus proche d’eux était la ville-forteresse d’Osape, gouvernée par un cercle de guerriers et de stratèges renommés. De nombreux villages seraient croisés, tel Sorguen, le village des cultures. Sans aucun doutes possibles, le convois passerait par des chemins indirects pour accéder à Iona. Celli était persuadée qu’ils atteindraient la plupart des grandes villes d’ici là, tel Noram, Haguenath et Gravilon. 

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